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Comment collaborer avec des employé.e.s introverti.e.s ?

Article écrit par Gwendoline Le Bomin, paru dans Urbania, août 2023

Derrière les personnes les plus discrètes se cache souvent un potentiel inexploité

Vous êtes nouvellement à la tête d’une équipe de travail, mais face à vos employé.e.s les plus discret.ète.s, vous ne savez pas trop comment les approcher ni les aider à davantage participer au sein de l’équipe.

Pour vous accompagner dans ce nouveau rôle, j’ai fait appel à François Pouliot, chargé d’enseignement au Département de management à l’Université Laval. Il m’a partagé ses précieux conseils pour mieux comprendre et collaborer avec ses collègues introverti.e.s.

Le chargé d’enseignement commence par nuancer : selon lui, il faut faire la distinction entre la perspective individuelle, qui est la relation qu’on entretient directement avec la personne, et la perspective d’équipe, soit la place qu’occupe une personne dans une équipe.


Connaître les membres de son équipe

Son premier conseil, c’est de « connaître son monde » (perspective individuelle), c’est-à-dire de s’intéresser à la personne pour ce qu’elle est. Ce conseil est d’ailleurs valable pour toutes les personnes, introverties ou non.

Le rôle du gestionnaire est de permettre à ses équipes d’être aptes au poste pour qu’elles contribuent efficacement aux objectifs de l’équipe. Ces comportements sont le résultat de beaucoup de facteurs : les personnalités, les préférences, les expériences, etc. Le travail de gestionnaire, c’est de tenir compte de ces comportements et de les gérer. 

En général, les personnes plus discrètes, timides, ou introverties exposent moins leur vision et perception devant tout le monde.

Alors, si leur gestionnaire souhaite les connaître, il faut d’abord parler de soi pour créer un environnement propice à la discussion : « Je vais ouvrir un espace pour que l’autre soit confortable », illustre M. Pouliot.

Ce type de rencontre amène l’autre à s’ouvrir, à parler de lui. Cette rencontre ne se déroule pas dans l’objectif de parler de performance, mais dans celui de connaître la personne qu’on a en face de soi.

François Pouliot ajoute : les gens réservés sont plus à l’aise dans les conversations one on one. Il conseille donc de planifier une rencontre de 30 à 45 minutes uniquement dédiée à discuter de vos rôles respectifs, vos attentes et vos rétroactions.


Se connaître soi-même en tant que gestionnaire

Le chargé d’enseignement insiste sur l’importance de se connaître soi-même en tant que gestionnaire. Le test MBTI est un outil qui permet de décoder des préférences comportementales dans l’action. Il mesure l’introversion et l’extraversion.

M. Pouliot invite à faire le test soi-même et à le partager également avec son équipe, car les résultats donnent un aperçu des préférences de chacun et peuvent aboutir à un bel espace d’échange.

En tant que jeune gestionnaire, vous pouvez avoir des biais cognitifs qui peuvent entraver, par exemple, la communication avec vos employés – vous espérez peut-être que vos employés fonctionnent comme vous, mais ce n’est pas toujours le cas !

Vous pouvez alors créer des barrières inconscientes.

Faire ce test peut donc vous aider à améliorer votre communication avec les membres de votre équipe et à créer des relations plus harmonieuses. 


Leur accorder leur place dans l’équipe

Il importe aussi de s’attarder à la perspective équipe, comme le mentionnait plus tôt M. Pouliot. Si vous remarquez qu’il y a plusieurs personnes réservées dans votre équipe, vous serez peut-être amené à faire un petit ajustement lors des réunions : les personnes les plus discrètes ont généralement besoin de plus de préparation.

Les personnes introverties vont donc apprécier de recevoir au préalable une introduction, les points qui seront abordés et les objectifs de la prochaine rencontre afin d’arriver prêtes.  

Cette stratégie permet d’avoir une rencontre plus efficace et elle va d’ailleurs servir aussi aux employés plus extravertis. 

Quand on anime une réunion, il faut doser sa stratégie de communication. On peut, par exemple, faire un tour de table afin que tout le monde participe et donne son avis, ou demander aux gens de prendre 2 minutes pour écrire leurs idées sur papier. 

Autre conseil gagnant lors d’une réunion : répartir les membres de l’équipe en sous-groupes de 2-3 personnes. Cette condition va favoriser la participation des plus introverti.e.s, car il sera plus facile pour eux et elles de donner leur avis dans un petit groupe. Ensuite, on revient en groupe pour partager ses diverses opinions. 

Dans une équipe, les personnes les plus réservées ne sont pas celles qui vont donner toutes leurs idées de manière spontanée. Idéalement, le gestionnaire laissera un temps après la rencontre pour permettre à ces personnes de le ou la contacter dans le cas où d’autres idées émergeraient une fois la rencontre terminée.


Savoir utiliser leur potentiel

Les personnes introverties font leur plein d’énergie lorsqu’elles se retrouvent généralement seules. Ces moments vont leur permettre de prendre du recul et d’approfondir leurs réflexions. 

François Pouliot rappelle que ce sont des gens qui pourraient être capables d’amener plus de profondeur, d’être en mesure d’avoir un portrait plus juste d’une situation, alors que la personne extravertie peut être davantage dans la spontanéité et elle va avoir plusieurs idées en même temps.

Identifier ces personnes vous permettra de mieux déléguer, d’orienter certains dossiers qui demandent plus de réflexion, par exemple. M. Pouliot résume : « connaître mon monde me permet de mieux attribuer certaines tâches ».

Le chargé d’enseignement ajoute que les apparences sont parfois trompeuses.

« Les personnes introverties peuvent paraître plus froides, peu impliquées, ou démontrer peu d’intérêt, mais cette impression n’est pas forcément garante. En fait, ça veut dire que la personne est en train de processer à l’intérieur et c’est pour ça que c’est plus difficile de les chercher dans la spontanéité ».  

Enfin, les personnes discrètes jouent souvent un rôle de pondérateur dans l’équipe : elles amènent beaucoup plus de focus, de calme. À certains moments, ce calme peut permettre d’atteindre un bel équilibre dans les énergies d’une équipe qui peut être bénéfique dans la réalisation de certains projets.

Bref, avec ces conseils, vous devriez être en mesure d’être plus conscient.e.s des différentes personnalités qui animent votre équipe et d’avoir des employé.e.s (introverti.e.s) épanoui.e.s. Finalement, tout le monde y gagne !

Source : Le Bomin, G. (2023, 21 août). Comment collaborer avec des employé.e.s introverti.e.s ? Urbania. Comment collaborer avec des employé.e.s introverti.e.s ? – Quatre95 (urbania.ca)